Article paru sur la Marseillaise le 30 mai 2018, pour voir l’article sur le site, c’est par ici : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/societe/70306-velodrome-et-si-l-om-ne-payait-plus-le-loyer

L’OM souhaite prendre la main sur l’enceinte du boulevard Michelet, rénovée elle aussi dans le cadre d’un Partenariat Public Privé. En discussions ardues avec le gestionnaire, le club de foot agite la menace de bâtir son propre stade.

Depuis 80 ans, les supporters de l’OM se rendent au stade Vélodrome pour assister aux rencontres du club marseillais. L’enceinte du boulevard Michelet a connu plusieurs rénovations. La dernière, réalisée en vue de l’Euro 2016, a été livrée à l’été 2014. Tout le monde s’accorde à dire que c’est une réussite architecturale et technique. Mais financière, beaucoup en doutent. La Ville a eu recours à un partenariat public privé (PPP) signé avec le groupe Bouygues, via sa filiale Arema, qui court jusqu’en 2045.

Outre le montage pour le coût des travaux (268 millions d’euros), c’est aujourd’hui son aspect technique qui pose problème. Car l’OM n’a quasiment aucune emprise sur le stade alors que c’est son outil de travail. Un état de fait dénoncé par le nouveau propriétaire, Franck Mc Court et son président, Jacques-Henri Eyraud. Ce dernier se répand dans les médias pour revendiquer la gestion exclusive du Vélodrome et réaliser des investissements aujourd’hui bloqués par Arema.

« Si l’on ne sent pas la volonté de tous de tirer dans le même sens, on en tirera les conclusions », s’agaçait, en milieu de semaine, le président du club. Avant d’enfoncer le clou, ce week-end, dans la Provence : « Toutes les options sont sur la table, y compris celle de construire notre propre stade ». « Je n’y crois pas du tout, que serait l’OM sans son stade historique? », veut croire Roland Blum, adjoint (LR) aux finances, même s’il reconnaît que « tout est juridiquement possible ».

Une vente… Après 2020?

L’hypothèse d’un stade, même hors de Marseille, est réelle mais ressemble surtout à un coup de pression du club en pleine négociations avec Arema. « Il faut impérativement qu’elles soient conclues avant juin », note l’adjoint.

Si d’aventure, l’OM quittait le Vélodrome, la municipalité aurait un trou annuel à combler d’environ 6 millions d’euros, qui correspond au loyer (5 millions de part fixe avec une part variable plafonnée à 9). « Si le stade coûte 12 ou 13 millions d’euros pour accueillir 4 concerts ce serait le scandale du siècle », s’alarme Benoît Payan. Le président du groupe socialiste au conseil municipal parle d’un « PPP mal ficelé ».

« Il a été conçu au moment du décès de Robert Louis-Dreyfus, son épouse voulait déjà vendre, donc l’OM n’y a pas été associé », rappelle Roland Blum. Un pêché originel. « Si c’était à refaire, on mettrait l’OM dans le circuit dès le départ », concède-t-il. Tandis que Benoît Payan milite « pour sortir du PPP et vendre le stade au club », l’adjoint aux finances coupe court : « Capitalistiquement parlant, le montage avec Arema doit demeurer mais il y aurait de la cohérence à avoir un contrat de gestion entre eux et l’OM ». Quant à la vente pure du stade, le maire s’y refuse. Le sujet reviendra forcément après 2020.

Florent de Corbier