Enseignants, entreprises du BTP, architectes et parents d’élèves accélèrent pour dénoncer le plan de construction de 34 écoles à 1 milliard d’euros

Partenariat Public-Privé des écoles à Marseille : le front commun se consolide
Parent d’élèves, architectes, enseignant, patronne d’un syndicat du BTP et contribuables dénoncent les PPP des écoles. Photo Sy.P.
 Qu’ont en commun une mère de famille, un architecte, une patronne du BTP et un ancien avocat ? A priori, rien. Sauf lorsqu’ils trouvent une cause commune. Comme le projet d’accord-cadre de marchés de partenariat, autrement dit partenariat public-privé (PPP) voté par la municipalité pour détruire 31 groupes scolaires et en reconstruire 34 d’ici à 2025. Le tout pour un montant d’un peu plus d’1 milliard d’euros sur 25 ans.

Soit cent millions d’euros de plus que le coût d’une maîtrise d’oeuvre publique, ce qui poussait l’enseignant Pierre-Marie Ganozzi, secrétaire de la FSU 13, de le qualifier de « pompe à pognon public ».

D’abord, « ce choix de reconstruire à neuf n’est pas si évident que cela, pointait Patrick Verbauwen, président du Syndicat des architectes 13. La commune s’est-elle dotée d’une étude qui dit que toutes les écoles valaient démolition ? » Du côté des professionnels, c’est bien l’aspect économique qui suscitait le plus d’inquiétudes.

Rappelant que les TPE-PME représentaient « 70 % des entreprises et 60 % des salariés du BTP », la présidente de la Capeb 13, Patricia Blanchet-Bhang, dénonçait : « De fait, ce marché ne sera uniquement accessible aux gros du secteur. La seule chose qui nous restera, ce sera la sous-traitance sans maîtrise des coûts et aux conditions des majors. » Et de conclure : « C’est aussi faire le choix que l’argent des Marseillais parte vers l’extérieur. »« On parle de partenariat mais le financement privé ne s’élèvera au final qu’à 10 %. C’est un marché de dupes », fulmine Christian Bruschi, l’un des trois contribuables à avoir déposé un recours au tribunal administratif contre la délibération du conseil municipal. Cet ancien avocat s’intéressait aussi à l’aspect éducatif. Et selon lui, « l’Éducation nationale n’a même pas été consultée ».

« Quelle est l’adaptabilité de ce plan à 25 ans ? »

« Quelle est l’adaptabilité de ce plan à 25 ans ? Prenez le passage à 12 élèves en CP : devra-t-on en référer à de grands groupes internationaux pour poser une cloison dans une classe ? », interrogeait à son tour l’enseignant Pierre-Marie Ganozzi, cosecrétaire de la FSU 13. Vite rejoint par Séverine Gil, présidente du Mouvement départemental des parents d’élèves (MPE 13) : « Quelles miettes financières va-t-on laisser aux 414 écoles restantes ? »

D’autres se posaient la question en termes plus politiques. « Ce montage renvoie l’addition aux générations futures », renchérit André Jollivet, ancien président du Conseil régional de l’ordre des architectes. « Qu’on ne s’y trompe pas : ces majors (grosses entreprises, Ndlr) vont faire appel à des travailleurs détachés, qui vont tordre les entreprises locales », appuyait le conseiller municipal PS Benoît Payan, venu soutenir les protestataires tout comme son collègue PC Jean-Marc Coppola : « Jean-Claude Gaudin nous a dit que depuis son élection en 1995, il avait investi 635 millions d’euros dans les écoles. Faites le calcul, vous verrez ce que ça représente par an… Il veut masquer tout ce qu’il n’a pas fait pendant 22 ans. »

Une réunion publique sera organisée le 5 avril à la Maison des associations (La Canebière, 1er) pour poursuivre la mobilisation.

Sylvain Pignol