Écrit par  Réalisé par D.C. avec FC, paru le samedi 29 septembre 2018 11:31, sur le site internet de La Marseillaise : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/societe/72403-maxime-repaux-des-propositions-pertinentes

Maxime Repaux est architecte membre du Syndicat des architectes du Bouches-du-Rhône au sein du collectif « Marseille contre les PPP »; il revient sur leur contre-projet pour les écoles présenté lundi.

La Marseillaise : En quoi notamment sur les délais de réhabilitation des écoles marseillaises, votre contre-projet démonte la viabilité économique du Partenariat public privé choisi par la Ville ?

Maxime Repaux : Nous regardons comme contestable le calcul des délais qui est présenté dans le rapport de la Ville. Elle s’appuie sur une différence de deux ans dans la réalisation des 31 écoles. Même si on prend les chiffres de la Ville, deux ans gagnés sur dix ou quinze ans de travaux, ce n’est pas à l’échelle de l’enjeu. Et, en plus, dans notre proposition, nous réalisons une réhabilitation lourde, ce qui veut dire que nous gardons toute la structure du bâtiment. On n’a pas à démolir, ni à faire des fondations. Nous n’avons pas tous les aléas des études géologiques préalables à une reconstruction. Donc peut-être, probablement même, en maîtrise d’ouvrage publique et en réhabilitation lourde, nous livrerons avant. A nos yeux, cette question des délais, c’est comme pour l’aspect financier, c’est sujet à interprétation et nous, nous les remettons en cause.

Peut-on comparer le Partenariat Public Privé à l’emprunt toxique qui a empoisonné les communes ?

M.R. : Un économiste dit que c’est un peu comme le crédit revolving des particuliers. C’est un surendettement des foyers qui fait que sur le moment on pense que ça va aller mieux mais dix ans après on se retrouve en faillite personnelle. La Chambre régionale des Comptes a fait observer qu’avec ce projet d’investissement d’un milliard d’euros, on était au plafond du financement et que la Ville prenait un risque. D’où la pertinence et l’intérêt de notre contre-projet qui, lui, descend dans des tranches raisonnables d’investissement. En plus, en faisant un diagnostic détaillé de notre scénario de réhabilitation lourde, on s’apercevrait qu’une réhabilitation énergétique et une reprise des cloisons au niveau acoustique suffiraient et donc, là, on diviserait la note par deux. Notre contre-projet permet à la Ville de réinvestir sur d’autres projets, culturels, les piscines, etc. Cela nécessite, a minima, de réexaminer la question. La proposition de la sénatrice Samia Ghali de consacrer un conseil municipal extraordinaire à la question des PPP est tout à fait pertinente.

Où en sont les recours déposés ?

M.R. : Trois recours ont été déposés devant le tribunal administratif par un collectif de trois citoyens marseillais, par l’Ordre national des architectes associé avec l’Ordre régional, et le Syndicat des Architectes. Nous allons demander à notre avocat d’écrire au procureur de la République pour que cette procédure soit accélérée ou alors qu’on nous explique pourquoi cela prend à ce point du temps.

Comment expliquez-vous le silence de la mairie ?

M.R. : Il y a quelques années deux écoles de type Pailleron ont brûlé, certainement par manque d’entretien, sans victimes. Le maire, qui est responsable s’il ne prend pas les décisions, a sans doute agi dans l’urgence sous l’injonction de l’État. Cela peut se comprendre mais on affirme qu’il y a d’autres solutions techniques possibles que de les détruire et de les reconstruire. Peut-être simplement des travaux de réhabilitation légère suffiraient. Il faut réexaminer cela sur la base d’un diagnostic car les décisions ont été prises sans études techniques de diagnostic et de faisabilité. Comment une mairie peut aussi vite et aussi radicalement mettre de côté tout un tas d’acteurs professionnels ? Leur erreur était de ne pas avoir pensé qu’il y aurait une opposition du monde des architectes et des bâtiments.

Réalisé par D.C. avec FC