A Marseille, un scandale peut en cacher un autre. Après celui sur l’état de vétusté des écoles qui avait défrayé la chronique, voilà que se prépare un nouveau scandale à l’échelle communale.
«L’affaire» à un milliard pour la construction de 34 écoles d’ici 2025 sur les 434 que compte la ville pourrait faire grand bruit, depuis qu’un collectif qui comprend aussi bien des syndicats enseignants, des parents d’élèves, des architectes, avocats, élus du PCF et du PS, professionnels du BTP a décidé de porter l’affaire sur la place publique.
Il s’agit de ne pas laisser sous silence cette vaste opération financière, dont le montage est jugé inacceptable pour ses opposants et dont l’efficacité souvent encensé par les politiques en Europe, présente «de nombreuses lacunes et des avantages limités», selon la Cour des comptes européenne.
«Le politique se dessaisit d’une opération qu’elle aurait pu mener dans le cadre d’une maîtrise d’ouvrage publique,» plaide Christian Bruschi. L’avocat honoraire fait parti des trois marseillais qui ont porté l’affaire en justice. Dans leur argumentaire, ils révèlent que l’opération si elle était restée dans le domaine public coûterait 100 millions d’euros moins cher qu’un PPP.
«Pompe à pognon public»
Un montage baptisé «Pompe à pognon public», par le secrétaire général de la FSU, Pierre-Marie Ganozzi et qui devra être supporté, comme pour le stade Vélodrome par des générations de marseillais. Une décision qui aurait même étonnée, voir inquiétée le conseiller du Premier ministre, lors de son passage à Marseille au mois de décembre dernier.
Pour l’instant ni les adjoints au maire LR en charge des écoles, Danièle Casonava et Roland Blum en charge du budget n’ont souhaité donné suite à nos appels. «Selon eux tout a été évoqué au dernier conseil municipal, rien de nouveau ne l’a été depuis», rapporte le service de presse de la ville. Une majorité silencieuse, qui devra faire face à un collectif de citoyens particulièrement remonté.
Car ce PPP pourra difficilement masquer 25 ans d’une politique de la chaise vide de Jean-Claude Gaudin sur les écoles. Un sujet depuis devenu ultra sensible.
«Tout le monde a bien conscience que nous sommes tous solidaires et si on veut que les choses changent il faut présenter un front uni,» assure Pierre-Marie Ganozzi. Le collectif a écrit aux 120 Comités d’intérêts de quartier (CIQ) de la ville, distribué 4 000 tracts aux entrées de métro. «L’idée est de mettre en lumière ce dossier extrêmement sensible, il faut que tout le monde sache ce qui se décide actuellement pour l’avenir de nos enfants et ne pas être mis devant le fait accompli,» expose le syndicaliste.
Les appels d’offre seront lancés en septembre et le silence qui règne autour de cette affaire à un milliard pourrait mobiliser davantage. La réunion publique qui se tiendra jeudi sonnera sans doute le rappel. «Nous ne voulons pas que ce soit les multinationales qui en plus parfois ne payent pas leurs impôts en France bénéficient des ces marchés. Les Marseillais ne se résignent pas et veulent se saisir de sujets importants», assure Pierre-Marie Ganozzi.
Catherine Walgenwitz