Le recours de la ville à un partenariat public-privé (PPP) pour la rénovation des écoles à Marseille continue de provoquer des réactions. Syndicalistes, simples citoyens et élus amorcent le début d’une sensibilisation de l’opinion publique.
De simples citoyens, des syndicalistes de l’éducation (FSU, CGT, Solidaires, Unsa), des élus (PCF et PS) ou des architectes se sont rencontrés à plusieurs reprises à Marseille pour échanger sur les conséquences pour la ville et ses administrés d’un recours au partenariat public-privé (PPP) pour la reconstruction de 34 écoles de type Geep (Pailleron). Un chantier à plus d’un milliard d’euros, ce qui en fera le plus grand chantier de France de ce type pour les écoles publiques.
Après la lettre, adressée il y a deux mois au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR), cosignée par l’ordre des architectes, la Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment (Capeb), le Syndicat national des entreprises du second œuvre (SNSO) et le Cinov, syndicat des professionnels de l’ingénierie et du conseil, pour demander l’abandon de la délibération sur le PPP, des contribuables marseillais déposent à leur tour un recours auprès du tribunal. Les initiatives ont un retentissement national, mais le collectif qui se réunissait mardi soir à la bourse du travail de Marseille veut davantage toucher l’opinion publique.
Une première initiative sera prise lundi matin à l’occasion de la séance du conseil municipal avec la distribution d’une lettre ouverte en direction des élus. Début d’une campagne de sensibilisation qui devrait se prolonger avec la tenue d’un débat et d’une conférence de presse.
Jean-Marc Coppola, conseiller municipal (PCF) qui participait à la rencontre mardi, explique qu’avec le recours au PPP, on généralise une pratique qui brade tout au privé. Et ce sont de grands groupes qui se gavent sur le dos des écoles publiques. On paye le prix fort de 25 ans de blocage de la politique de Jean-Claude Gaudin. « C’est un quart de siècle », réalise Babara Miret, professeure et syndiquée au Snuipp-FSU. Ce PPP concerne l’école, il s’agit « de la première obligation municipale », insiste-t-elle.
Privatisation rampante
La « privatisation » des établissements publics avait commencé sous Nicolas Sarkozy. « A cette époque, on faisait le bilan de ce qui se passait déjà en Grande-Bretagne », raconte l’architecte André Jollivet. Si l’ordre des architectes s’est clairement opposé au PPP, pour l’architecte marseillais se pose la question d’une architecture figée. « Le privé se fout de la pédagogie, il est là pour rentabiliser et ce n’est pas la meilleure des choses. » Un PPP est une opération coûteuse. Marseille en a déjà fait l’amère expérience avec le stade Vélodrome. Derrière un tel montage, « les Bouygues et Vinci vont se gaver. ça suffit, il faut retomber dans un équilibre plus simple et plus sain. C’est dans les écoles que se joue l’avenir des enfants », plaide André Jollivet.
Catherine Walgenwitz