Une de nos amies de la page Facebook nous interroge :

« Mais quel est le coût total du financement par ce PPP ?. A titre d’exemple, notre nouveau groupe scolaire (capacité 9 classes élémentaires, 5 classes maternelles) a coûté 12 millions d’euros, financé pour la moitié par le Conseil Départemental (école Rouet Charles Allée, 8e, 2017) »

Pour être précis, nous n’avons que les hypothèses de travail présentées dans l’évaluation préalable du mode de réalisation (MOP ou PPP) consultable ici (https://marseille-contre-les-ppp.fr/wp-files/Rapport Conseil Municipal 16 Octobre 2017 – Annexe 1.pdf). Notre fonctionnaire de la ville a catégorisé l’ensemble des écoles en modèle d’écoles (E pour classe élémentaire, M pour classes maternelle, SHO : surface plancher de fait liée au nombre de classes), voir p. 16:
* Modele A : 4M + 5E = 3235 m²
* Modele B : 5M + 10E = 4100m²
* Modele B1 : 5M + 10E +1CLIS = 4155m²
* Modele B2 : 5M + 10E + 1CLIN + 1ADAP = 4100m²
* Modele A+B : 9M + 15E = 6735m²
* Modele A+B2 : 9M + 15E = 6845m²
* Modele C : 20E = 5200m²
* Modele C1 : 20E + 1ULIS = 5254m²
* Modele D : 10E = 2946 m²

L’école du Rouet s’apparenterait à un modèle B. Si nous regardons le coût des travaux prévus par notre ville page 67, nous calculons une moyenne de 10 818 790,20€. Cette moyenne concerne uniquement les travaux, ensuite il faut prévoir les couts annexes (études, Assusrances, Garanties) estimés à 16%, puis 150k€ de désamiantage puis 150k€ de primes de concours, on arrive alors à un coût de 12 849 796,632€ (on est précis ou on ne l’est pas !) soit un coût similaire à celle du Rouet (nous ne sommes plus à 800 000 € près).

ceci est le première information que nous pouvons en déduire : malgré le volume des travaux, la ville ne prévoit pas de réduction de coût (pour schématiser pas de prix de gros) de la part des majors.

Pour être clair, une école à 12M€ est un prix en haut du panier, d’autres collectivités réussissent à faire avec 8 à 9 millions d’euros. Maintenant tout dépend de ce que l’on veut obtenir : une école telle que celle du Rouet est ou une école telle que celle de la rue Saint-Vincent-de-Paul plus pragmatique.

Ce coût ne varie pas grandement d’un mode de réalisation en MOP ou en PPP, même si l’organisation en interne par contre est tout chamboulé :
* en loi MOP : L’architecte est maitre à bord avec un suivi des études et travaux des entreprises généralement découpé en lots dont l’attribution est régie par le code des marchés publics
* en PPP : c’est le financier qui impose l’enveloppe à la major qui va elle-même imposer les contraintes techniques et les études qui devront faire avec, les sous-traitants exécutant les travaux en fin de chaine devront bricoler pour obtenir le résultat.

Ce qui varie beaucoup est la suite durant la vie du bâtiment qui débute dès la fin des travaux (ou plus précisément la fin de Garantie de Parfait Achèvement mais bon nous n’allons pas rentrer dans les détails) :
* en loi MOP, le bâtiment est remis à la collectivité qui en assurera l’exploitation et la maintenance (on est d’accord tout à fait perfectible pour notre ville de Marseille mais ceci n’est qu’un problème politique et organisationnel)
* en loi PPP, le bâtiment va être exploité et maintenu pendant 25 ans par un mainteneur privé.Et là, c’est le drame … surfacturation, ce qui n’est pas prévu au contrat = surcout. Les dégat occasionnés par des mauvaises utilisations = surcout. Evolution du bâtiment = surcoût. … enfin bref …

Attention, contrairement aux idées reçues, une partie de l’exploitation et de la maintenance reste toujours à la charge de la ville et pas des moindres puisque les consommations d’énergie ainsi que le nettoyage, mais aussi la dératisation (sic ils ont osé…), les équipements informatiques, et bien d’autres …

ah oui au fait, à ceux qui estiment que la ville fait un PPP parce qu’elle n’a pas les moyens de faire autrement : savez-vous que le Plan Ecole Avenir prévoit de financer 70% de l’investissement nécessaire dès le premier loyer : en clair : les PPPistes vont avoir besoin de 460 millions d’euros de financement pour les travaux de construction des écoles, et bien, accrochez-vous, c’est notre bonne ville de marseille qui ira emprunter (à la BCE, autres) 70% à savoir 320 millions d’euros pour les reverser dès le premier loyer aux PPPistes … et oui …

vous pensez la même chose que nous ?! pourquoi ne pas emprunter alors ces 320 millions pour améliorer l’ENSEMBLE du parc des écoles publiques !!!

ah oui au fait, bien entendu, la ville de Marseille a laissé entrouverte la porte de valorisation du foncier (pour info la plupart des collectivités n’autorisent pas ce que nous allons vous expliquer ensuite) : en fait la mairie autorise les PPPistes à utiliser le foncier disponibles sur les parcelles des écoles pour y construire du logement/commerces/bureaux en contrepartie les loyers pourront être minorés pour la ville.

Bref imaginez la nouvelle école du rouet avec quatre étages de plus de logements et vous avez le résultat tout à fait plausible en PPP …

Bref en espérant ne pas avoir été trop technique …

N’hésitez pas à nous poser des question ou incompréhensions, un PPP reste un mécanisme financier et technique compliqué.

Pour explications des coûts de construction, ci-dessous un couloir de l’école du Rouet à 12M€, à coté le couloir de l’école Saint-Vincent-de-Paul moitié moins cher … que voulons nous ? 34 écoles comme celle du rouet et 410 autres qui périssent parce que le cout des PPP impactera (vous aurez beau dire Mr Blum) le fonctionnement et l’investissement des 410 autres écoles ou bien 444 écoles qui peuvent rejoindre un niveau de l’école de Saint-Vincent-de-Paul … Nous ne voulons pas d’écoles exceptionnelles, nous voulons juste des écoles normales pour nos enfants …