Ils seront encore là ce lundi, en amont du conseil municipal. Comme celui d’avant en février. Et comme, certainement, à ceux à venir. Le collectif contre le PPP des écoles affiche sa détermination. Elle est aussi forte que celle que met la municipalité à défendre son choix (lire ci-dessous) pour la rénovation et construction d’une trentaine d’écoles.
En octobre dernier, la majorité de Jean-Claude Gaudin (LR) a opté pour un « marché de partenariat », c’est-à-dire la nouvelle mouture des partenariats public-privé (PPP), afin de démolir 31 écoles GEEP et les remplacer par 28 autres neuves quelles s’ajoutent la construction de 6 nouveaux établissements. Et ce pour la « modique » somme de 1,04 milliard d’euros. Trois vagues de travaux sont prévues jusqu’en 2025. La Ville versera ensuite des loyers, d’environ 41 millions d’euros par an pendant 25 ans. Voilà le tableau posé. Sauf qu’au départ, la maîtrise d’ouvrage publique est présentée comme moins chère de 93ME. Mais en y ajoutant la notion de risque, le privé, en bout de course, est mieux disant de 63ME.
Depuis cet état de fait politique, un front commun inédit s’est constitué pour s’opposer à cette confiscation. « Ce n’est pas possible que les Marseillais soient dessaisis de cette question de rénovation, tout se fait en catimini », déplore Pierre-Marie Ganozzi. Le secrétaire général de la FSU était, jeudi soir, aux commandes partagées d’une réunion publique sur le sujet. À ses côtés d’autres syndicats de l’enseignement mais aussi de l’architecture et des entreprises du second oeuvre. Sans oublier le Mouvement des parents d’élèves (MPE) et plusieurs partis politiques (PS, PCF, FI…). Bref, un collectif hétéroclite mais donc mu par la même cause.
« Arrêter cette stupidité »
« Le dossier a été fait avec une grande légèreté comme l’absence totale d’éléments concernant les profils des partenaires privés », dénonce un avocat, qui a déposé, « en tant que citoyen », un recours contre ce PPP. Il conteste notamment la notion de risque « malhonnête intellectuellement et exagérée » car la construction d’écoles « n’est pas une opération complexe» . Du côté de la Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment, on craint de passer à côté de le manne financière d’un tel chantier, « c’est un frein pour nous d’accéder au marché ». Le syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône démonte l’argument municipal selon lequel l’État a validé le montage. « Normal, FIN INFRA rattaché à Bercy est une sorte de promoteur pour ce type d’opération ».
De nombreux intervenants ont également rappelé que les PPP n’avaient plus la cote, étant fustigés par la cour européenne des comptes, « qui n’a rien de gauchiste », souligne l’un d’eux. « Une privatisation à outrance des ressources publiques », dénonce un autre. Certains craignent que la Ville n’ait plus aucun moyens derrière pour investir sur les 410 écoles restantes. « Parallèlement à la démarche des GEEP, nous continuerons notre démarche de créations d’écoles d’une dizaine sur 10 ans », assure Jean-Claude Gondard, directeur général des services, interrogé vendredi. Ce PPP peut être également perçu comme un élément supplémentaire d’une politique libérale « de vente du patrimoine commun, une logique que l’on retrouve dans le PLU », relève Jean-François Ceruti, président d’un centre-ville pour tous.
Se pose désormais la question de la suite. « Seule une large mobilisation démocratique pourra arrêter cette stupidité alors que la Ville joue la montre pour rendre le processus irréversible », estime l’avocat-citoyen. « Il faut faire connaître le mouvement, les parents doivent se positionner contre le PPP », prévient Séverine Gil, présidente du MPE. « Un effet boule de neige », souhaité par Pierre-Marie Ganozzi. Des actions devant les écoles sont annoncées. La bataille de l’opinion publique sera primordiale. Avant que la Ville ne délibère à nouveau et lancer ses appels d’offres.
Florent de Corbier