Avant 2016

Pour mémoire : ci-dessous, les multiples alertes dénoncées par des mouvements de citoyens

Novembre 2014 : Collectif DZ (Lise Massal)

Collectif créé 3 ans auparavant, tripartite et indépendant – parents d’élèves, enseignants, personnels municipaux – œuvre pour une meilleure gestion municipale des écoles publiques marseillaises d’abord centré sur la problématique du faible taux d’encadrement sur le temps hors-classe , puis dysfonctionnements et revendications listés dans « Le manifeste des écoles marseillaises ».Le site Facebook existe toujours : https://www.facebook.com/manifestedesecoles/.

Novembre 2015 : Charlotte Magri, lanceuse d’alerte des écoles marseillaises

L’institutrice avait adressé un « Je nous accuse » de trois pages le 30 novembre 2015 à la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Lire sur le site Marsactu ou https://jenousaccuse.wordpress.com/. Depuis, Charlotte Magri a quitté l’Éducation Nationale : http://www.charlottemagri.com/.

Après 2016

En Février 2016 : Libération titre « La Honte de la République »

Libération titre « La Honte de la République » à propos de l’école primaire Notre-Dame-Limite » à Marseille : manque de chauffage dans les classes, porte-manteaux qui se dévissent, trous dans le sol et autres détériorations diverses.

La municipalité minimise et relaie dans les médias le « Marseille Bashing ».

C’est la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, qui monte à son tour au créneau. « Ces conditions et la souffrance dans laquelle vivent au quotidien ces élèves, ces enseignants et personnels ne sont pas dignes de la République » affirme la ministre qui concède avoir été informée « à l’automne » et avoir « aussitôt pris contact avec les services du rectorat ». « Lors des échanges que j’ai eus avec Jean-Claude Gaudin, il s’est engagé à faire des annonces très prochainement pour améliorer les choses. À lui de tenir ses engagements. »

De son côté, Jean-Claude Gaudin continue à dénoncer « un tableau caricatural », tout en commençant à concéder (Public Sénat) : « Il peut y avoir, ici ou là, des travaux encore à effectuer. (…) On les fera rapidement. ».  La déléguée à l’éducation à la ville de Marseille Danielle Casanova, continue quant à elle d’ »exagérations » et de « Marseille Bashing »

Avril 2016 : La ministre Najat Vallaud Belkacem vient à Marseille «faire le point sur la situation» des écoles

La municipalité est directement mise en cause par la ministre de l’Éducation nationale, qui a demandé au préfet des Bouches-du-Rhône de réaliser un audit des établissements scolaires, la municipalité a annoncé le déblocage de cinq millions d’euros pour rénover les écoles.

C’est la première fois que la municipalité annonce, lors du dernier conseil municipal d’étudier la destruction et reconstruction des 32 groupes scolaires dotés de préfabriqués, appelés aussi établissement Pailleron ou GEEP du nom du fabricant. Le point d’étape est consultable ici : http://www.education.gouv.fr/cid101147/point-d-etape-sur-la-situation-des-ecoles-de-marseille.html#Les_engagements_de_la_Ville_de_Marseille.

Les solutions apportées telles que le numéro d’appel sont directement inspirés des revendications faites 2 ans auparavant par le collectif DZ mais qui n’avaient pas trouvé suite jusqu’à lors : Le Directeur Général des Services proposera cette idée triomphante de numéro d’appel sur un modèle inspiré d’ »Allô Mairie ».

Avril 2016 : Lancement de la consultation

Dans la foulée, le conseil municipal d’avril 2016 a approuvé  le lancement d’une consultation pour la réalisation d’une mission d’assistance juridique, financière, économique, et technique, à la maîtrise d’ouvrage (AMO) relative au plan de renouvellement des groupes scolaires.

Juillet 2016 : Lancement de la consultation

Février 2017 : Notification du marché d’assistance

Le 1er février 2017, le marché est remporté par l’équipe TAJ Société d’avocats (mandataire principal) + Finance Consult + Artelia Bâtiment et Industrie pour un montant de 458 350 € (voir attribution du marché).

Mai 2017 : Changement de gouvernement

Il n’y aura plus de point étape ni aucun suivi du gouvernement.

11 Août 2017 : Remise des deux documents « réglementaires »

Les deux documents « réglementaires »d’appui pour un montage en PPP sont produits et envoyés aux instances consultatives :

  • Évaluation envoyée à FIN INFRA (nous vous expliquerons plus tard ce qu’est FIN INFRA) qui rendra réponse positive le 15 septembre,
  • Étude de soutenabilité envoyée à la DRFIP (Direction Régionale des Finances Publiques) qui rendra réponse le 12 septembre

Aucune concertation/échanges n’a été faite avec les équipes éducatives, personnel de la mairie, ou représentant des parents d’élèves.

12 & 15 septembre 2017 : Retour de FIN INFRA et DRFIP

FIN INFRA et DRFIP ont rendu leurs avis sur le document transmis.

9 Octobre 2017 : Commission consultative

La commission consultative des services publics locaux, présidée par R.Blum se réunit le 9 octobre pour valider la démarche et les documents, la séance va durer 1 heure (voir le rapport de la commission).

18 Octobre 2017 : Conseil Municipal, Annonce du projet de PPP

Comme à son habitude, les élus ont reçu seulement quelques jours avant le conseil le dossier de 211 pages constitué du rapport (6 pages), de l’évaluation (100 pages) , de l’avis de FIN INFRA (32 pages), de l’étude de Soutenabilité (67 pages), de l’avis positif de la DRFIP (4 pages), et pour conclure le tout, du Compte-rendu de la commission consultative des services publics locaux (2 pages)…

Avril 2018 : Appel à candidature

L’appel à candidature pour un dialogue compétitif est lancé, l’objet est un Accord-cadre multi attributaires pour le Plan Ecole d’Avenir (PEA) de la Ville de Marseille.

La clôture est le vendredi 17 juin à 16h. Les notifications sont prévues début septembre.

Notre Avis

Ce plan École sur les 34 écoles GEEP a été initié pour répondre aux attaques des citoyens, médias et gouvernement sur l’état désastreux des écoles et le manque d’actins et de rigueur de la municipalité. Ce plan est apparu entre février et avril 2016 soit à peine deux mois. Le patrimoine de la ville compte 446 écoles ou groupes scolaires. Dans un temps aussi court, la municipalité, acculée, n’a pu matériellement et techniquement faire un audit technique de son patrimoine.

Le choix des écoles a donc été porté par facilité uniquement sur le mode constructif de celles-ci à savoir un mode constructif en structure métallique conçu dans les années 70 pour pallier à une demande forte de groupes scolaires. GEEP étant le nom du constructeur parisien proposant ce type de construction rapide et pas chère, similaire au constructeur Pailleron pour des ensembles plus conséquents tels que des collèges ou lycées.

Ecoles GEEP / Pailleron

Pour mémoire, à l’époque les normes avaient été assouplies et des mesures dérogatoires avaient été prises pour faciliter la construction. Le collège Édouard, collège Pailleron, incendié en 1976, avait été construit de telle manière qu’il ne pouvait résister plus de 15 minutes à un feu (dérogation pour quatre étages). Les vides multiples contenus par la structure du bâtiment constituent des « cheminées à fort tirage » vont favoriser une propagation rapide de l’incendie. Le feu a provoqué une coupure d’électricité au bout de quatre minutes. Le bâtiment étant constitué en partie de plaques de polystyrène et de matériaux hautement inflammables, l’incendie progresse rapidement et d’épaisses fumées toxiques se forment en quantité importante. Se propageant par les faux plafonds et les cloisons, l’incendie passe du premier étage au quatrième, prenant « en tenaille » le deuxième et le troisième étages. Les escaliers de ce bâtiment se trouvent aux extrémités et en décalage un étage sur deux. Il faut parcourir toute la largeur du bâtiment pour passer d’un étage à un autre.

Durant l’incendie se trouvent au troisième étage du collège 36 personnes, élèves et enseignants du conservatoire de musique.

L’argument mis en avant par notre municipalité a été de dire que ce choix se portait sur ces établissements qui, pour elle, sont à risque d’incendie et amiantés.

Ce à quoi nous répondons :

  • Fort heureusement, les établissements GEEP n’ont pas plus de risque incendie que les autres, tant par les mesures de sécurité incendie mises en place, que par le suivi qui est fait par la commission de sécurité, et par la taille même de nos écoles qui ne sont sans communes mesures avec l’accident du collège Edouard, triste emblème des colléges pailleron. Cet argument de risque incendie ne tient pas la route.
  • Concernant l’amiante, effectivement dans les bâtiments de cette époque l’amiant a été fortement utilisée. Fort heureusement encore, l’amiante est contrôlée, ce qui est dangereux avec l’amiant est sa volatilité. Le plus courant dans les écoles, est la présence d’amiante dans la colle des dalles au sol. Tant que les dalles sont en parfait état sans éclat, il n’y a aucun risque. Et si les adlles sont en mauvais état, un désamiantage peut être réalisé, voir un encapsulage (moins cher) qui consiste schématiquement à recouvrir le sol par un autre sol, afin de confiner l’amiante.

Cette précipitation est également révélatrice d’une méconnaissance totale de notre commune sur l’état de son patrimoine. La première règle en maintenance est de connaitre son patrimoine. Au lieu de se précipiter dans ce plan école et engager plus de 500 000 € dans l’attribution d’un marché pour une assistance à maitrise d’ouvrage pour monter les PPP, il aurait mieux valu prévoir un audit technique des bâtiments en vue de la mise en place d’une stratégie foncière digne de ce nom.

Un diagnostic technique et visuel d’une école dure 1 journée maximum. A compter 446 écoles, avec une équipe de 5 techniciens, en six mois : un diagnostic complet avec un regard unique et homogène (5 techniciens) peut être produit, la sous-traitance d’une mission reviendrait approximativement à 334 000 €HT (750€HT par jour).  Et ce pour connaitre l’état de toutes nos écoles et pouvoir établir une stratégie foncière.

Une maintenance de patrimoine se pilote par des indicateurs :

  • théoriques : âge du bâtiment et des composants confrontés à leurs durée de vie
  • techniques : appréciation technique de l’état de vétusté du bâtiment et des composants par un technicien
  • d’usage : appréciation par les usagers (personnel scolaire, parents d’élève, personnel municipal) des équipements mis à disposition et du bâtiment.

La confrontation de ces trois indicateurs va permettre la priorisation de la programmation des travaux (un établissement qui a dépassé son âge théorique mais dont l’état technique et d’usage sont positifs ne remontera pas d’alerte, par contre une école récente avec des indicateurs techniques mauvais fait apparaitre soit un problème de conception, de mauvais entretien ou d’usage).

La connaissance exhaustive du patrimoine va permettre l’optimisation de la programmation de travaux (par exemple : Etablir un marché pour la réfection des toiture-terrasses de plusieurs écoles par exemple, au lieu d’attendre d’agir au coup par coup en mode pompier).

Cet argument, s’il en fallait qu’un seul, suffit à dénoncer ce plan écoles de 34 écoles qui n’a pas de sens et qui va embarquer notre collectivité dans un PPP difficilement maitrisable et qui va mettre à mal les autres écoles en diminuant naturellement le budget de fonctionnement des 410 autres écoles.

A mauvais diagnostic, mauvais projet.