Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et Hélène Geoffroy, secrétaire d’État chargée de la Ville ont participé, lundi 18 avril 2016, à une réunion de travail afin de réaliser un point d’étape sur la situation des écoles de Marseille, en préfecture de région, en présence de Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, des services de l’État, des représentants des enseignants et des représentants des parents d’élèves.
Le contexte
Marseille compte 444 écoles publiques soit 39% du total des écoles du département des Bouches du Rhône. Celles-ci accueillent au total 74 836 élèves soit 41% de la population scolaire des écoles publiques du département.
Les écoles publiques marseillaises constituent un patrimoine architectural particulièrement éclectique composé notamment de constructions réalisées en série sous la IIIème République et durant les « trente glorieuses ».
Un nombre important d’entre elles (plus de 10%) présentant un bâti dégradé appartiennent au type « GEEP », proche des constructions désignées par l’appellation générique « Pailleron ». Marseille en compte au total 52 réparties sur 32 sites, principalement implantées dans les arrondissements périphériques. Ces écoles préfabriquées en usine sont toutes identiques.
Globalement, le vieillissement de cet imposant parc immobilier engendre inévitablement des difficultés d’entretien.
En février 2016, la ministre de l’Éducation Nationale et le Ministre de la Ville de la Jeunesse et des Sports ont demandé au Préfet de région et au Recteur de l’académie d’Aix-Marseille qu’une évaluation des conditions de fonctionnement du service public d’éducation dans les écoles des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de Marseille, et plus largement dans l’ensemble des écoles de la commune, soit effectuée en concertation avec la commune dans les meilleurs délais.
Il est en outre demandé que cette évaluation intègre l’ensemble des éléments de sécurité, de salubrité, d’hygiène et de santé publique, mais aussi les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants.
Plusieurs réunions entre les services de la ville de Marseille et les services de l’État ont permis d’élaborer un plan « écoles de Marseille » (ensemble d’actions de suivi commun).
Des travaux en urgence
Très rapidement, dès les vacances de février, la Ville de Marseille a mobilisé pleinement sa régie municipale afin de mener à bien les tâches les plus urgentes pouvant être réalisées en interne.
En outre, le Maire de Marseille s’est engagé à débloquer entre 3 et 5 millions d’euros supplémentaires par an pendant trois ans pour les consacrer à la réalisation de travaux dans les écoles. Le Directeur Général des Services a également exprimé son souhait de créer une plateforme téléphonique dédiée aux écoles, sur un modèle inspiré d’ »Allô Mairie », afin notamment de recenser les demandes d’intervention et de les orienter vers les différents services de la Ville.
Coordination des acteurs pour un diagnostic partagé
Par la suite, une méthodologie commune de travail a été définie avec la mise en place d’instances régulières de travail à trois niveaux. Le premier niveau concerne le maire le préfet et le recteur. Un niveau intermédiaire mobilise le DGS de la ville, le DASEN et le PDEC. Tous les mois ils s’assurent de l’évolution du dossier et suivent des décisions. Enfin, la réunion des services techniques de la ville avec des représentants du DASEN et du PDEC permet de mettre à jour régulièrement les informations disponibles.
Plusieurs sources ont permis d’établir un diagnostic précis et partagé. D’abord, des visites de terrain par les plus hautes autorités des services de la Ville et de l’Etat ont permis aux participants de découvrir différents types de constructions (Ferry, GEEP, préfabriqués anciens ou récents) présentant des états différents et d’aborder directement avec leurs usagers l’ensemble des problèmes découlant du plus ou moins mauvais état des bâtiments scolaires.
En parallèle, grâce à la mobilisation du réseau des inspecteurs de circonscription, aux remontées des acteurs de terrain, aux signalements de différentes sources, un recensement a pu être établi très précisément, école par école, la nature des travaux à entreprendre ainsi que leur degré de priorité.
Enfin, les usagers des écoles ont également participé à ce diagnostic. Un syndicat d’enseignants du premier degré (SNUIPP 13) a été reçu par le Préfet délégué pour l’égalité des chances puis par le recteur et l’association de parents d’élèves MPE 13 a été reçue en audience par le DASEN et le DAASEN. Ainsi, fin mars, un cahier de doléances des écoles marseillaises élaboré par les syndicats et les associations de parents d’élèves est venu confirmer ou compléter les indications répertoriées dans le recensement initial. De même, dès le mois de mai 2016, l’ordre du jour du prochain CDEN intégrera le plan écoles de Marseille. Enfin ; un groupe de travail réunissant les représentants des personnels a été convié à la Direction Départementale des Services de l’Éducation nationale fin avril.
À ce jour, 114 écoles ont déjà été repérées comme nécessitant des travaux de degrés d’importance différents. 74 d’entre elles (soit 65%), sont situées dans les quartiers de la nouvelle géographie de la politique de la ville et sont classées en éducation prioritaire (REP+) depuis la rentrée 2015.
Amélioration des conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants
L’inventaire réalisé dans les écoles montre par ailleurs la nécessité d’améliorer les équipements pédagogiques des écoles marseillaises. Deux pistes sont à l’étude :
Au moment où le Conseil départemental lance son plan pour des collèges « 100% numérique – 100% sécurité » visant à équiper l’ensemble de ses 136 collèges en connexion haut débit et dispositifs de vidéo-protection d’ici fin 2017, il s’agit de réfléchir à la possibilité d’installer des connexions très haut débit dans les écoles de Marseille. Ces équipements pourraient être utilisés à des fins pédagogiques et constitueraient une réelle plus-value.
Un recensement des besoins en matériel pédagogique, mobilier adapté, équipement de bibliothèque a été lancé par la direction académique par le biais d’un questionnaire destiné aux acteurs de terrain.
Les engagements de la Ville de Marseille
Lors d’une réunion entre la Ville de Marseille et les services de l’Etat, la mairie a pris des engagements concrets :
Un programme d’entretien annuel (OPA) important
Les premiers travaux d’urgence seront poursuivis et amplifiés par la réalisation d’un programme annuel d’entretien et de grosses réparations pour un montant d’ores et déjà budgété à hauteur de 7 M€ pour la seule année 2016 et qui sera ensuite porté à 8 M€ pour répondre sans tarder aux besoins identifiés comme prioritaires.
Un programme d’opérations individualisées (OPI) est appelé à être mis en œuvre
Une liste de travaux supplémentaires a été proposée au Conseil municipal du 1er avril, comme notamment : le remplacement des préfabriqués des écoles St Louis Consolat (400K€) et de La Cabucelle (950K€ dont 650K€ sur 2016), des travaux de réfection des sols et des menuiseries pour un certain nombre d’écoles de type GEEP (1 million d’euros sur la seule année 2016).
Au total 3 millions d’euros supplémentaires seront consacrés aux OPI en 2016 afin d’accélérer la programmation des travaux. Ainsi, 5 millions d’euros supplémentaires seront alloués aux travaux dans les écoles (3,5 M€ en OPI, 1 M€ pour le plan « GEEP » et 1 M€ en fonctionnement).Cet effort sera reconduit en 2017 et 2018.
La Ville a également prévu la création de nombreux nouveaux groupes scolaires d’ici à 2020 pour accompagner sa croissance démographique :
- le groupe scolaire Chanterelle (8 classes / livraison prévue en septembre 2018)
- l’école Bernard Dubois (10 classes en 2019)
- les écoles Bugeaud/Quartier Libres (27 classes en 2020)
- la nouvelle école Ruffi (20 classes en 2019)
- l’école du Rouet (14 classes / livraison prévue en septembre 2017)
- l’école de La Capelette (8 classes / livraison prévue en septembre 2016)
- l’école de Sainte Marthe (15 classes / livraison prévue en septembre 2017)
- l’école Allar (8 classes en 2018)
- l’école Saint Louis/Valnatureal (13 classes en 2019)
Le plan de déploiement de caméras de vidéo-protection, de dispositifs d’alarme anti-intrusion et de télésurveillance sera également intensifié et intégré au programme d’intervention (programme d’installation de visiophone à l’entrée de chaque école)
La Ville fait également face aux dépenses liées aux actes de vandalisme dont un certain nombre d’écoles sont victimes. Ainsi depuis la rentrée scolaire de septembre 2015, 23 écoles ont été la cible d’actes de dégradation. La Ville a dû engager 550 000 euros pour réparer les dégâts parfois importants qu’ils ont occasionnés. Pour lutter contre ces actes de délinquance ou de malveillance, le plan de déploiement de caméras de vidéo-protection, de dispositifs d’alarme anti-intrusion et de télésurveillance sera également intensifié et intégré au programme d’intervention (programme d’installation de visiophone à l’entrée de chaque école). À ce jour 119 écoles sur 444 sont équipées de caméras de vidéo-protection tandis que 55 caméras supplémentaires couvrent les abords immédiats d’autres établissements (soit un total de 174 écoles couvertes directement ou indirectement). Il est étudié la possibilité que ces installations fassent l’objet d’un co-financements de la part de l’État, au titre du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) 2016.
Tous ces engagements ont été actés lors du dernier Conseil municipal lors duquel d’autres annonces ont été faites :
- lancement d’une procédure d’évaluation des 32 établissements comportant des préfabriqués de type GEEP, en vue de leur destruction/reconstruction (340 classes potentiellement concernées).
- ouverture de 52 classes nouvelles (l’équivalent de 6 groupes scolaires) afin d’accueillir 1 500 nouveaux élèves supplémentaires à la rentrée de septembre, dans les écoles marseillaises.
- création un numéro spécial « Allo Mairie Ecoles » pour faciliter la remontée des besoins d’interventions « techniques », par les directeurs d’écoles, (phase expérimentale entre avril et juin 2016).
Enfin 15 délibérations (sur un total de 220) ont été présentées visant en particulier la réalisation de différents travaux d’entretien (façades, toitures, sanitaires, huisseries), le remplacement de modules préfabriqués anciens, l’extension des réfectoires de certains groupes scolaires ainsi que la mise en oeuvre d’une 1ère tranche de sécurisation des entrées des écoles.
Les engagements de l’État
Dans le cadre du « plan Écoles » pluriannuel, présenté par Monsieur le sénateur-Maire Jean-Claude Gaudin lors du conseil municipal du 1er avril, il a été décidé que l’État accompagnera l’effort fait par la Ville.
Il se traduira par :
- Dès cette année, 3 M€ de la Dotation Politique de la Ville vont être consacrés au cofinancement à hauteur de 80% du coût des travaux de réhabilitation ou de construction de groupes scolaires (École de la Cabucelle, Consolat, etc.) ; De plus, 1 M€ de la Dotation Politique de la Ville sera mobilisée pour la construction et la rénovation d’équipements sportifs dont certains gymnases utilisés par les écoliers. Cet effort sera poursuivi les années suivantes.
- Le Fonds de soutien à l’investissement local va co-financer la construction d’un nouveau groupe scolaire Sainte Marthe (15 classes)
- Les crédits de l’ANRU seront également mobilisés pour co-financer les équipements publics, dont les écoles et équipements sportifs de proximité, dans les quartiers concernés par le Nouveau Programme de Rénovation Urbaine
Conclusion
L’ensemble des services de la Ville de Marseille et de l’État se sont mobilisés en cohérence et des avancées réelles et tangibles sont aujourd’hui mesurables. Les efforts doivent néanmoins continuer sur le moyen et le long termes pour répondre au mieux aux besoins recensés et donner un nouvel élan aux écoles de Marseille.
Le prochain point d’étape en présence des plus hautes autorités est fixé en juin pour aborder l’avancée et la programmation des travaux pendant les vacances scolaires des mois de juillet et août ainsi que les conditions de la rentrée 2016.